descendants

Mes descendants marchent au-dessus de moi.

Nathalie Quintane, Chaussure, P.O.L., p. 107.

David Farreny, 20 mars 2002
indéchiffrable

Il lui reste environ quarante-cinq minutes avant de songer à partir. Il regarde la fenêtre grillée qui donne sur la rue Vaneau, luisante et si tranquille entre deux averses. Il regarde le plafond, sale mais indéchiffrable.

Jean de La Ville de Mirmont, Les dimanches de Jean Dézert, La Table Ronde, p. 36.

David Farreny, 22 mars 2002
slow

Le slow qui tue est une machine logique à décollage vertical.

Pascal Comelade, Écrits monophoniques submergés.

David Farreny, 24 mars 2002
fautes

Le vieux Rousseau, notre voisin, dit « Les médecins, la terre cache leurs fautes. »

Henri Thomas, Londres, 1955, Fata Morgana, p. 27.

David Farreny, 13 avr. 2002
éboulis

Septembre en fait des tonnes. C’est une éruption de bleu pur sur un canal, une apothéose de lumière que criblent les grands platanes penchés sur l’eau. C’est de tout côté éboulis de douceur, débauche d’harmonie.

Jean-Pierre Georges, Aucun rôle dans l’espèce, Tarabuste, p. 92.

Élisabeth Mazeron, 28 juin 2006
Elseneur

Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise…

Te souviens-tu de Marienlyst ? (Oh, sur quel rivage,

Et en quelle saison sommes-nous ? je ne sais.)

On y va d’Elseneur, en été, sur des pelouses

Pâles ; il y a le tombeau d’Hamlet et un hôtel

Éclairé à l’électricité, avec tout le confort moderne.

C’était l’été du Nord, lumineux, doux voilé.

Souviens-toi : on voyait la côte suédoise, en face,

Bleue, comme ce profil lointain de l’Italie.

Oh ! aimes-tu ce jour autant que moi je l’aime ?

Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise…

Oh ! que n’ai-je passé ma vie à Elseneur !

Le petit port danois est tranquille, près de la gare,

Comme le port définitif des existences.

Vivre danoisement dans la douceur danoise

De cette ville où est un château avec des dômes en bronze

Vert-de-grisés ; vivre dans l’innocence, oui,

De n’importe quelle petite ville, quelque part,

Où tout le monde serait pensif et silencieux,

Et où l’on attendrait paisiblement la mort.

Valery Larbaud, « Poésies de A.O. Barnabooth », Œuvres, Gallimard, p. 62.

David Farreny, 1er avr. 2007
morveux

La matinée est bien avancée lorsque je peux m’asseoir enfin à la table de travail, obéir à l’injonction impérieuse que m’adresse, du fond du temps, le morveux de dix-sept ans qui découvrit qu’il était permis d’être un peu fixé sur ce qui se passe alors qu’il avait abandonné toute espérance à ce sujet. Je suis un instant à surmonter l’effroi qui m’empoigne chaque fois que je me retrouve au pied de la muraille puis je trace un mot, un autre et continue petitement.

Pierre Bergounioux, « vendredi 13 avril 1984 », Carnet de notes (1980-1990), Verdier, p. 299.

Élisabeth Mazeron, 11 nov. 2008
inéluctables

On ne sait pas qui l’on est mais on sent bien que la place n’est pas libre, le choix indifférent. Il y a quelque chose avec quoi il faut compter, des antécédents ignorés, inéluctables, une profondeur vertigineuse au creux des instants. Des âmes s’entremêlent à la nôtre, sont elles quand nous n’avons pas encore fait réflexion que nous sommes.

Pierre Bergounioux, Le premier mot, Gallimard, p. 24.

Élisabeth Mazeron, 7 mai 2010
raccompagne

On ne naît jamais seul. Des mains sont là pour vous recueillir. On ne naît pas de personne. Or, on peut mourir sans personne. Quelle que soit la parenté métaphysique entre la mort et la naissance, c’est une différence majeure. Vous êtes attendu, mais on vous raccompagne rarement.

Jean Clair, « Dieu est mort », Journal atrabilaire, Gallimard, p. 218.

David Farreny, 21 mars 2011
essai

En somme je ne sais rien de lui — rien de cette vie qui fut ce que sont les vies, un coup de dés, un essai pour une autre fois, une partie d’écarté. Combien parviennent à trouver, pour s’en revêtir, quelque chose qui ressemble à une forme, à une construction délibérée de la volonté, à une structure ordonnée où soit aboli le hasard, sous l’instance de la lettre, qui sait, des correspondances, de l’ailleurs en toute occurrence lové entre les arcanes de l’ici, celui-ci fût-il un tombeau ?

Renaud Camus, « 2-2-12-03-19-14-1-1-1-7 », Vaisseaux brûlés.

David Farreny, 5 mai 2012
celles

Inévitablement, on ne suit que celles qui s’éloignent.

Petr Král, Cahiers de Paris, Flammarion, p. 201.

David Farreny, 2 avr. 2013
éboulis

Visible à travers les grilles, la soldatesque des cyprès, d’un vert sombre tirant sur le noir contre le ciel instantané de cette heure-là, entre cinq et six, qui ressemble si souvent à un éboulis de possibles.

Gilles Ortlieb, Le train des jours, Finitude, p. 95.

David Farreny, 22 juil. 2015
devenir

Tiens ? Il y a longtemps que je n’ai pas vu dans le quartier cette très vieille femme incroyablement maigre et boiteuse qui toussait tout le temps. Qu’a-t-elle bien pu devenir ?

Éric Chevillard, « mardi 13 décembre 2016 », L’autofictif. 🔗

David Farreny, 24 fév. 2024
alibi

L’hypothèse du suicide ne tient pas, la victime avait un excellent alibi au moment des faits.

Éric Chevillard, « lundi 13 janvier 2020 », L’autofictif. 🔗

David Farreny, 28 fév. 2024

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