naturelles

Aucun sacrifice ne modifiera les formes naturelles du mal.

Dominique de Roux, Immédiatement, La Table ronde, p. 220.

David Farreny, 6 janv. 2006
immensément

Le temps coulait fondu par le feu des fatigues.

Je paressais immensément,

épelant d’A à Z le Larousse prodigue

en faciles enchantements.

Raymond Queneau, Chêne et chien, p. 42.

David Farreny, 4 mars 2008
nombrements

Il y a une frénésie des nombres dans notre monde occidental, une fièvre d’appliquer les nombrements à tout.

Jean Dubuffet, Asphyxiante culture, Minuit, p. 47.

David Farreny, 11 mars 2008
ramifié

Je suis passé devant notre maison, j’ai jeté un coup d’œil sur la liste des noms des locataires actuels. Ils sont toujours là, les M., les W., les R. Treize ans ont passé. Ceux qui étaient jeunes, qui jouaient avec moi dans la rue, doivent être mariés, avoir des enfants, et je me vois débarquant dans leur salle à manger, ramifié par le souvenir, et eux cassant toutes mes branches une à une.

Georges Perros, Papiers collés (1), Gallimard, p. 59.

David Farreny, 12 mars 2008
chambre

Le soleil, la chaleur et la lumière, qui réjouissaient ton entourage, t’apparaissaient comme des invitations à sortir, des perturbations de ta solitude, des obligations à la joie. Tu refusais que ton euphorie soit due au climat. Tu voulais en être seul responsable. Si l’on te sollicitait en invoquant le beau temps, tu déclinais l’invitation. Le temps gris, l’hiver, la pluie ou le froid ne te déplaisaient pas. La nature semblait alors s’accorder avec ton humeur. Qu’il fasse mauvais t’évitait la culpabilité de ne pas sortir. Tu pouvais rester chez toi sans qu’apparaisse l’anormalité de ton enfermement. Personne ne venait alors t’interroger sur ton goût pour la chambre.

Édouard Levé, Suicide, P.O.L., p. 76.

Cécile Carret, 22 mars 2008
dialoguer

— Mais pourquoi tu es agressif comme ça ? me répond-on. J’accumule les maladresses, je serais un fâcheux pédagogue. Je participe mal aux conversations de chez nous, surtout intellectuelles ou qui l’imitent (parce qu’en plus ça s’imite : la grenouille qui se fait crapaud, la peste qui devient vérole). Toute chose que je dis devant quelqu’un se met aussitôt en orbite autour de son nombril et, pour me répondre, c’est à cette gravitation que mon interlocuteur réagit. Il ne conçoit pas la chose que je nomme, serait-ce un pauvre hareng saur : il contemple seulement le paysage de lui-même que crée la nouvelle lune que j’ai lancée. Et, selon la lumière qu’elle donne à son nombril, il approuve, critique, retouche ou, le plus souvent, élimine : la lune tombe. Son nombril est triste, je ne sais pas dialoguer.

Tony Duvert, Journal d’un innocent, Minuit, p. 61.

Cécile Carret, 6 déc. 2008
grande

Mais ils sont partis, le soleil s’est couché rouge et énorme, et des milliers de chauve-souris sont sorties des sculptures et ont commencé à tournoyer dans le ciel où un gros volcan fumait à toute vapeur. Quelques cerfs-volants bougeaient dans le ciel. Je me suis assis sur un banc de bois d’une des gargotes qui garnissent l’entrée du temple. Des agneaux cherchaient de l’herbe entre les tables. Grande fatigue, grande paix, grand vide. J’ai senti à cet instant combien j’avais vieilli.

Nicolas Bouvier, Il faudra repartir. Voyages inédits, Payot & Rivages, p. 123.

Cécile Carret, 28 juin 2012
usées

Fausses beautés qui tant troublèrent notre chair

fausses beautés qui tant, un jour, nous furent chères

pénélopes usées, juliettes avachies

— aviez-vous eu pitié du voyageur ? A-t-il

eu pitié de vos chairs molles et misérables

ô mal-aimées ? flottant sur l’eau comme des algues

sœurs des brouillards verdâtres et des fanaux douteux

— vies sans importance !

— parapluies oubliés !

Benjamin Fondane, « Ulysse », Le mal des fantômes, Verdier, p. 60.

David Farreny, 21 juin 2013
direction

L’acteur et la femme suivirent le père des yeux, puis se donnèrent la main pour se dire au revoir et sursautèrent en même temps du fait d’une légère décharge électrique.

La femme dit : « En hiver, tout se charge d’électricité. »

Ils voulurent se séparer mais remarquèrent alors que leur direction était la même, aussi allèrent-ils, côte à côte, sans parler. Devant le parking où ils rattrapèrent le père, ils se séparèrent encore une fois avec un hochement de tête mais continuèrent cependant ensemble parce que leurs voitures se trouvaient presque l’une à côté de l’autre.

En roulant, la femme vit l’homme la dépasser ; il regardait droit devant lui ; elle obliqua.

Peter Handke, La femme gauchère, Gallimard, p. 86.

Cécile Carret, 30 juin 2013
spécialiste

Pneumologue, dermatologue, oncologue, urologue, neurologue, rhumatologue, gérontologue, cardiologue, psychologue, victimologue, thanatologue, et sic ad infinitum : chacun s’occupe d’un petit bout du territoire. C’est supposer un royaume sans roi, un empire sans tête, simplement la coexistence de petits duchés autonomes. C’est supposer encore que, d’un individu à un autre, ces monades sont égales, et qu’elles réagissent de manière identique, sans se référer au royaume. […]

Le spécialiste, ou de l’orgueil d’être borné, me souffle L.

Jean Clair, Lait noir de l’aube, Gallimard, p. 137.

Guillaume Colnot, 25 sept. 2013
faire

Je ne vois pas ce que je pourrais faire de moins.

Jean-Pierre Georges, « Jamais mieux (4) », «  Théodore Balmoral  » n° 74, printemps-été 2014, p. 77.

David Farreny, 8 juil. 2014

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