nostalgie

Le sublime serait alors la nostalgie d’une patrie immémoriale que j’éprouverais en regardant les paysages d’un pays étranger vers lequel j’ai été expulsé en raison de je ne sais quelle malédiction, en expiation de je ne sais quel crime. Dès lors, ce ne serait pas ces nuages, ces vagues, ces montagnes et ces rochers en tant que tels qui attireraient mon regard ; mais je les contemplerais parce qu’ils me rappelleraient l’atmosphère d’autres rivages de terres perdues où j’avais, où j’aurais, toute ma place.

En réalité, ce spectacle ne me tirait pas de mon ennui ; il m’y inscrivait davantage. Raison pourquoi je ne m’en lassais pas. S’il était le paysage correspondant à mon état d’âme, ce n’était pas parce qu’il m’offrait la possibilité de m’y projeter, mais, simplement, parce qu’il ne le perturbait pas.

Frédéric Schiffter, « Les formes de l'ennui », La beauté, Autrement.

David Farreny, 12 mai 2025

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