cliquetis

Quand, une vingtaine de kilomètres plus loin, après que j’eus réglé à la caisse, près des pompes, nous fûmes entrés dans le complexe épicerie-journaux-restauration couplé à la station-service, nous constatâmes que d’autres que nous s’apprêtaient, assez massivement, à déjeuner et défilaient devant la pile de plateaux et les paniers à couverts, s’équipant sans discontinuer dans un éprouvant cliquetis. Nous refluâmes vers l’épicerie où nous nous procurâmes des sandwiches dont le contenu ne s’identifiait qu’à sa mention sur l’étiquette et que nous dûmes entrebâiller afin de vérifier dans quoi, en profondeur, nous allions mordre. Kontcharski et moi-même avions opté pour le pain de mie en triangle tandis que Marc s’était risqué, en pleine conscience, du reste, au tronçon de baguette spongieux, d’apparence plus compacte. Nous déjeunâmes debout, autour d’une tablette circulaire en attente d’un coup de torchon, dans une demi-sérénité, Marc nous faisant part, quand il eut achevé son sandwich, de son envie d’une banane, qu’il partit acheter à dix mètres de là après nous avoir demandé si nous voulions quelque chose.

Christian Oster, Trois hommes seuls, Minuit.

David Farreny, 5 mai 2025

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