paresse

Atteint de paresse, on se met à tarir. Les entrepreneurs qui, dans la conscience qu’ils ont de leur responsabilité sociale, s’évertuent à engager et à occuper des paresseux se ruinent, car une fois que quelqu’un est devenu paresseux, il n’est plus bon à rien. « Le paresseux ressemble à une pierre remplie d’ordure » (Livre de Sirac, 22, I). « Le paresseux dit : il y a un lion dehors ! Je serai tué dans les rues ! » (Proverbes 22, 13). « La porte tourne sur ses gonds. Et le paresseux sur son lit. » (Proverbes 26, 14).

On sait peu de choses de la paresse, étant donné que le paresseux manque de l’ambition et de la force nécessaires pour pouvoir informer sur son état d’une manière capable d’impressionner durablement une personne travailleuse. Le paresseux ne voit pas l’utilité de s’expliquer à quelqu’un, pas plus que celui qui se noie, ou, plus généralement, celui qui meurt, n’entreprend des efforts dignes d’être signalés pour formuler avec des mots aimables et aisément compréhensibles ses réflexions sur la noyade, sur le fait de mourir, qui pourraient être tout à fait intéressantes pour des personnes extérieures. […]

Le travail accompli ne rend pas un paresseux heureux. Une fois que l’on a commencé à se laisser aller, on est étonné de la profondeur de l’abîme dans lequel on tombe. Nulle part un sol où s’écraser et se fracasser. On tombe, on tombe, tout devient plus sombre, l’air devient plus froid, plus humide, on tombe.

Matthias Zschokke, Maurice à la poule, Zoé, pp. 126-129.

David Farreny, 11 mars 2010

mot(s) :

auteur :

rechercher 🔍fermer