À propos de la « clinophilie » des dépressifs (ou goût de se coucher, d’être étendu), dont parle Lucien Israël dans son Introduction à la psychiatrie, je me rappelle avoir lu, dans le dernier Gogol fou (Passages choisis de ma correspondance avec mes amis, III), ceci qui m’avait frappé : « Je me sens souvent si mal, si mal, je ressens dans toute ma carcasse une fatigue si terrible, que j’en viens à être heureux à un point inimaginable quand enfin se termine la journée et que je peux me traîner jusqu’à mon lit. »
Je rappelle que « clinique » (du grec kleinô, être étendu) désigne à l’origine un établissement où les malades disposent d’un lit où pouvoir s’étendre.
Nous y mettions les poussins nouvellement éclos, nous les soulevions dans nos mains tels des pétales jaunes et les placions dans cette chaleur, boules duveteuses à pattes qui bougeaient sans cesse, absorbaient cette tiédeur. La chaleur nous maintient en vie. Parfois, les boules jaunes remuantes s’écroulaient, vaincues par le froid du dehors, leurs pattes pointées vers le sol pareilles à des flèches orange. La main de mon père les jetait comme des mauvaises herbes. Celle de ma mère les ramassait avec douceur ; cherchant un signe de vie dans ces petits corps jaunes, en pure perte, elle disait « mes pauvres poussins », et me souriait tandis qu’elle les lâchait sur le toboggan.
La capitale. La puéraire. La bardane d’eau. Le poulain. La grêle. Le bambou nain. La violette à feuilles rondes. Le lycopode. L’avoine d’eau. La sarcelle. Le canard mandarin. Les massettes poussées çà et là, en automne. Le gazon. La liane verte. Le poirier. Le jujubier. Le « visage du matin ».