Les promenades dans une ville souffrent de cette imperfection que Proust attribue au présent.
Michel Besnier, Cherbourg, Champ Vallon, p. 11.
Autour d’une maison, l’eau ne songe qu’à défier les lois de la gravité : elle veut monter.
Pour ce faire, tous les moyens sont bons.
Le meilleur, c’est la capillarité.
L’eau venue des drains bouchés goutte du sommet des murs.
Jean-Jacques Bonvin, La résistance des matériaux, Melchior, p. 57.
Ô créateur de l’univers, je ne manquerai pas, ce matin, de t’offrir l’encens de ma prière enfantine. Quelquefois je l’oublie, et j’ai remarqué que, ces jours-là, je me sens plus heureux qu’à l’ordinaire ; ma poitrine s’épanouit, libre de toute contrainte, et je respire, plus à l’aise, l’air embaumé des champs ; tandis que, lorsque j’accomplis le pénible devoir, ordonné par mes parents, de t’adresser quotidiennement un cantique de louanges, accompagné de l’ennui inséparable que me cause sa laborieuse invention, alors, je suis triste et irrité, le reste de la journée, parce qu’il ne me semble pas logique et naturel de dire ce que je ne pense pas, et je recherche le recul des immenses solitudes.
Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, Les chants de Maldoror, Robert Laffont, p. 649.
Antenne télévision en rouge et blanc se détache sur ciel pâle, en haut d’une colline où les arbres ont été rasés du sommet pelé. La ceinture des paraboles de réception, six haubans, et au sommet le court cylindre de l’émetteur, une lampe blanche clignote pour prévenir d’improbables avions égarés, un bâtiment bas au pied et les éternels grillages clos.
François Bon, Paysage fer, Verdier, p. 10.
Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui.
François de la Rochefoucauld, Maximes, Flammarion, p. 47.
N’importe : tout ce qu’affleure et que nomme la littérature est sacré, jusqu’au moindre bout de trottoir que la phrase une seule fois a touché de sa grâce (et le grenadier qui s’échappe).
Renaud Camus, « lundi 21 avril 1986 », Journal romain (1985-1986), P.O.L., p. 288.
150. Choses magnifiques
[…]
Le paravent dont les peintures représentent les paysages de la « Description originale de la terre ». Il a un nom auquel j’aime à penser.
Sei Shônagon, Notes de chevet, Gallimard, p. 293.
Tout en marchant, je n’ai pas pu m’empêcher, en passant devant une vitrine, d’y vérifier à quelque distance mon reflet. J’aurais préféré me trouver plus élancé, mais ça n’a pas été le cas.
Christian Oster, Rouler, L’Olivier, p. 133.
On n’a qu’une vie, j’ai bien compris, mais elle commence quand ?
Éric Chevillard, « samedi 13 septembre 2014 », L’autofictif. 🔗