quitté

Il n’y a que l’embarras du choix, pour le monde quitté.

Renaud Camus, Le département de l’Hérault, P.O.L., p. 77.

David Farreny, 2 mars 2006
enrobé

Parce que les hommes en général ne m’intéressent pas. En dehors, bien entendu, de nombreuses exceptions, mais enfin, tout ce que j’affirme doit être compris comme enrobé d’exceptions.

Richard Millet, propos recueillis par Romaric Sangars, « Chronic’art », numéro 32, février 2007.

David Farreny, 16 mai 2007
sorbets

Peut-être seraient offerts des sorbets, mais plus pour le nom que pour la chose.

Renaud Camus, Notes sur les manières du temps, P.O.L., pp. 312-313.

David Farreny, 12 mars 2008
répétition

La rêverie redonne aussi sa dignité à la notion, en général connotée négativement, de répétition – le sens de l’habitat, dont poètes et rêveurs sont les détenteurs privilégiés, ne se nourrit-il pas essentiellement, d’ailleurs, de rituels ? L’écrivain Serge Rezvani s’inscrit en faux : « Tout commence là où d’ordinaire on croit que cela s’arrête. » Habitant depuis plus de quarante ans la même petite maison nichée au creux d’un vallon enchanteur dans la forêt des Maures, aimant depuis plus de cinquante ans la même femme – la Danièle, ou « Lula », que ses livres célèbrent inlassablement –, il vante « les surprises de la répétition », écrivant : « Le cœur, les poumons, les viscères, la veille et le sommeil de notre cerveau, le désir et son assouvissement, la faim, la soif, ainsi que les rythmes de la marche… non, rien n’échappe à la répétition ! Et ce n’est que par la répétition et ses variations que nous pouvons juger de notre présence au réel. Même l’amitié se fortifie de la répétition et de ses jeux variés. Et bien sûr l’amour-passion dont le déploiement peut vous entraîner de surprise en surprise, ainsi qu’il est dit des “forêts enchantées” dont on ressort, après y avoir erré mille ans, sans avoir soi-même vieilli. »

Mona Chollet, La tyrannie de la réalité, Calmann-Lévy, p. 34.

Cécile Carret, 1er mai 2012
manœuvre

Avouer certaines choses, cacher certaines choses, tout dire, tout taire… — te fatigue pas — même manœuvre.

Jean-Pierre Georges, L’éphémère dure toujours, Tarabuste, p. 114.

David Farreny, 13 sept. 2014
image

Je donnerais tout pour une image qui m’entraîne à sa suite dans un bruit de départ général.

Philippe Muray, « 20 août 1978 », Ultima necat (I), Les Belles Lettres, p. 9.

David Farreny, 2 mars 2015
colmater

Nietzsche dans un brouillon de lettre à Wagner : « Ma besogne d’écrivain comporte pour moi cette conséquence désagréable de remettre en question quelque chose de mes relations personnelles toutes les fois que je publie un écrit, quelque chose qu’il me faut ensuite colmater à grand renfort d’humanité »… C’est exactement ça que je ressens. Plus que ce que tu as dit est horrible, plus tu es encouragé à être gentil pour en effacer le sens, ou plutôt pour montrer à tout le monde que c’était seulement de la littérature.

Philippe Muray, « 6 décembre 1984 », Ultima necat (I), Les Belles Lettres, p. 525.

David Farreny, 23 août 2015
crainte

Il est vrai qu’il y a en moi un mécontent. Depuis l’enfance je me tiens à distance des gens de bonne humeur. Toute liesse me fait injure. Je regarde avec dédain les enthousiastes, les partants, les motivés. Avec une certaine crainte, aussi.

Frédéric Schiffter, « préface », Philosophie sentimentale, Flammarion.

David Farreny, 23 juin 2024
conversation

Ce qui ne veut pas dire que Montaigne n’aime pas à s’entretenir aussi avec les jeunes femmes. S’il les apprécie pour leurs « grâces corporelles », qu’il ne dédaigne jamais quand elles les lui offrent, il les recherche aussi pour les « grâces de leur esprit » auxquelles, en homme de la Renaissance, il prête une vertu civilisatrice. Certes, il en connaît qui font parade de leur caquet et d’autres qui ne se livrent « que d’une fesse » ; mais, en général, il les trouve « belles et honnêtes ». Or, justement, pour Montaigne, civilité oblige, on ne parle pas avec une jeune femme comme on parle avec un homme. Avec elle, on évite, comme on dit, les sujets qui fâchent, pour n’aborder que les sujets qui rapprochent. Néanmoins c’est un commerce où il se tient un peu sur ses gardes. Parce qu’il peut se changer en un corps contre corps, un tête-à-tête exclut la gravité de la passion comme le sérieux doctrinal. Tout l’art du gentilhomme est de faire glisser une demoiselle ayant le sens de la conversation vers la conversation des sens. Flirter n’est pas débattre.

Frédéric Schiffter, « 6 », Philosophie sentimentale, Flammarion.

David Farreny, 25 juin 2024
disparu

« Si nous ne détruisons pas nos pensées, nos pensées nous détruiront », écrivait Stirner. Le seul sens que peut avoir notre vie, c’est de dissoudre le fantôme du monde. Si une pensée te ronge, débarrasse-t-en en la pensant jusqu’au bout, conseillait encore Stirner. Consume-la en la faisant intensément travailler : elle aura bientôt disparu et tu seras libre. Et l’illusion détruite.

Roland Jaccard, Topologie du pessimisme, Zulma, p. 10.

David Farreny, 7 oct. 2024

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