apéritifs

Prévenez-moi si la vie commence

je ne voudrais pas rater ça

les heures deviennent longues

entre les apéritifs

Jean-Pierre Georges, Je m’ennuie sur terre, Le Dé bleu, p. 66.

David Farreny, 20 mars 2002
intérêt

Quand la vérité n’a pas grand intérêt, le mensonge est légitime.

Philippe Jaenada, La grande à bouche molle, Julliard, p. 57.

David Farreny, 14 avr. 2002
fatigue

Car, enchâssée dans une gangue de brume, rien n’échappe à ma tête, ma pauvre tête ! qui attend, comme on dit, que ça se passe. Puis vient le moment où, du bord de l’écœurement, je passe tout à fait au centre. L’intensité de la fatigue est telle qu’elle provoque une violente nausée. Autant dire la fin des haricots. Si la cause m’incite à la démission, l’effet, lui, me dévaste. C’est comme si, brusquement, au cœur d’un événement infinitésimal et intime, l’absurdité du monde faisait irruption violente. Je me retrouve accablé, d’un même mouvement, des mille maux des hommes et des cent maux de mon lot : c’est mille cent de trop. Car si, en temps normal, je peux tenter de vivre en prenant les uns pour taper sur les autres, malade je ne puis plus compter, bouclant la boucle, que sur le sens du malheur hérité de mon père. Je fais donc, d’une certaine manière, l’apprentissage de la patience : sachant que tout finit toujours par arriver, je guette, dans une semi-léthargie sans laquelle je deviendrais fou, le premier fléchissement de la nausée, la fatigue de la fatigue.

Mathieu Riboulet, Un sentiment océanique, Maurice Nadeau, p. 39.

Élisabeth Mazeron, 13 oct. 2007
dans

Attends, a-t-il dit, il faut que je te montre la maison, et, même si je n’avais pas très envie d’une visite guidée, je me suis senti bien dans sa phrase.

Christian Oster, Rouler, L’Olivier, p. 101.

Cécile Carret, 30 sept. 2011
achevé

Une pensée aussi nous tourmentait, familière à tous ceux qui construisent une œuvre de l’esprit. Nous avions consacré mainte année à l’étude des plantes, n’épargnant ni peine ni labeur. Bien volontiers aussi, nous avions sacrifié notre part d’héritage paternel. L’heure était venue pour nous de recueillir les premiers fruits. Puis il y avait les lettres, les écrits, les collections et les herbiers, le carnet des années de guerre et de voyage, et tout particulièrement les matériaux concernant le langage, que nous avions rassemblés pareils à mille petites pierres, et dont la mosaïque était déjà bien avancée. De ces manuscrits, nous n’avions rendu publique qu’une faible part, car frère Othon pensait que faire de la musique pour des sourds est un méchant métier. Nous vivions en des temps où l’auteur est condamné à la solitude. Et cependant, considérant l’état de choses, nous eussions aimé voir mainte page imprimée, non point en raison de la gloire qui compte tout autant que l’instant parmi les formes de l’illusion, mais parce que la chose imprimée porte le sceau de l’achevé et de l’immuable, dont l’aspect contente aussi le cœur du solitaire. Notre départ est plus aisé lorsque tout est dans l’ordre.

Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre, Gallimard, p. 90.

Cécile Carret, 27 août 2013
inverse

L’amour est le sens inverse de la vie. Toujours on va vers le néant.

Dominique de Roux, Immédiatement, La Table ronde, p. 169.

David Farreny, 24 août 2014
va

Le temps passe. Nous le croisons. Il va d’un pas pressé répandre nos cendres dans le passé.

Éric Chevillard, « vendredi 18 juillet 2014 », L’autofictif. 🔗

Cécile Carret, 12 sept. 2014
su

Peut-être que tout ce que j’écris, tout le monde l’a toujours su, et sagement jugé qu’il était inutile de le dire parce que ça n’empêcherait pas que ça soit. Sûrement. Mais est-ce que la Littérature ne consiste pas à décrire l’intolérable, c’est-à-dire ce qui va de soi ?

Philippe Muray, « 5 août 1986 », Ultima necat (II), Les Belles Lettres, p. 131.

David Farreny, 4 mars 2016
oublié

Ses feuillets manuscrits sont autant de papiers gras et de torche-culs qui jonchent désormais le petit coin de littérature où il s’est oublié. Qui va se dévouer pour passer derrière avec la pelle et le râteau ?

Éric Chevillard, « lundi 7 janvier 2016 », L’autofictif. 🔗

David Farreny, 7 mars 2016
orgueilleux

— Ne me ménagez pas, dites-moi la vérité.

— Vous ne pouvez pas l’entendre, vous êtes trop orgueilleux pour accepter une vérité qui ne blesse ni ne loue.

Jean-Pierre Georges, Jamais mieux, Tarabuste, p. 38.

David Farreny, 11 juin 2024

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