fraise

Ada était un rêve de beauté blanc et noir avec une touche de fraise à quatre endroits, une reine de cœur symétrique…

Vladimir Nabokov, Ada ou l’ardeur, Fayard, p. 447.

David Farreny, 21 mars 2002
rationnelle

La sédentarité défiante, opiniâtre qu’on pratiquait était rationnelle.

Pierre Bergounioux, La puissance du souvenir dans l’écriture, Pleins Feux, p. 18.

David Farreny, 23 mars 2002
personne

On ne peut jamais aller chez personne. Aussi ne peut-on aimer que la montagne, la mer et la musique.

Emil Cioran, « Personne n’existe », Solitude et destin, Gallimard, p. 409.

David Farreny, 3 août 2006
pèlerin

Conduire une auto, avec le soleil matinal dans les yeux, sur une départementale. Campagne blanche, gelée, chauffage à fond. Qu’importe que ce soit pour signer un papier rayant 33 ans de ma vie. Chaque instant apparu du fond de l’éternité foudroie d’innocence le pèlerin du temps.

Jean-Pierre Georges, L’éphémère dure toujours, Tarabuste, p. 16.

David Farreny, 27 juin 2010
première

Les grandes promenades dans Paris, je les fais généralement à pied. J’ai parfois recours à l’autobus ou au métro, fusées porteuses qui me placent sur orbite. […] Je me parachute dans des secteurs moins connus pour le plaisir des quelques secondes pendant lesquelles, au sortir de la bouche de métro, complètement désorienté, je ne sais plus où je suis. Cette impression ne dure pas car, en vieux Parisien, je retrouve quand même assez vite mes marques, mais elle est vertigineuse. En montant les escaliers d’une station uniquement choisie pour son nom, parce qu’il ne me disait rien, j’émerge progressivement à la surface de la ville, dans une rue ou un carrefour inconnus à première vue, et c’est comme une nouvelle naissance.

Marc Augé, Journal d’un S.D.F. Ethnofiction, Seuil, p. 67.

Cécile Carret, 27 fév. 2011
divisant

Quand nous arrivâmes au sommet de l’Egger-Berg, le soleil se couchait dans une vapeur grisâtre et légère. Les montagnes du fond étaient sombres, l’aspect du pays calme, la mer immobile. Cette grande étendue était muette, aucun mouvement dans le port, on voyait seulement une petite barque rentrer à l’approche de la nuit.

Ce point de vue est un des plus beaux de l’univers.

Regardez-vous du côté de la mer ? les formes arrondies de la plage, la mollesse des contours, les longs promontoires, doucement abaissés, permettraient de penser à Naples, si un autre soleil les éclairait. Il faut avouer que c’est une chose étrange et belle à voir, que le golfe de Baia baignant les montagnes du canton d’Uri.

En général, on se plaint de n’avoir pas une idée vraie de l’immensité de la mer, parce que rien n’offre à l’œil un point de comparaison pour mesurer son étendue ; mais ici cette foule d’accidents que produisent les anfractuosités du golfe, les pointes, les langues de terre, les récifs dont il est semé, rendent l’immensité sensible et l’agrandissent en la divisant.

Jean-Jacques Ampère, Littératures et voyages. Esquisses du Nord, Didier.

David Farreny, 21 avr. 2013
déclic

Si je ne parviens pas en ce moment, dans ce temps mort particulier, à mettre sur pied ce livre, c’est que le déclic spécial de fureur, d’angoisse et d’envie de faire mal n’a pas encore joué. Je l’attends. À chaque fois c’est comme s’il ne pouvait pas venir, comme s’il n’allait jamais de toute façon venir. Je le prépare, je ne peux rien faire d’autre.

Philippe Muray, « 6 avril 1984 », Ultima necat (I), Les Belles Lettres, p. 442.

David Farreny, 23 août 2015
brusquement

Puis je fis brusquement volte-face. L’horizon dans mon dos était complètement dégagé.

Éric Chevillard, « samedi 30 septembre 2023 », L’autofictif. 🔗

David Farreny, 18 mars 2024

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