connotation

Celui-ci vous poursuit de son amitié — en toute bonne foi d’ailleurs : ce néant, c’est vraiment l’amitié pour lui. Il fait même des efforts, il vous appelle régulièrement, il vous rend des services, et vous envoie des cartes postales. En vain : aucune intimité ne se crée. Les mots, entre vous, continuent d’habiter tranquillement leur sens, comme ils le font entre des étrangers : aucune connotation.

Renaud Camus, « mardi 13 septembre 1994 », La campagne de France. Journal 1994, Fayard, p. 326.

David Farreny, 20 mars 2002
vie

Elle lui prononça, dans la bouche, un mot magique et mystérieux qui résonna par tout son être. Il allait le répéter quand, à l’appel de son grand-père, il se réveilla. Il eût volontiers donné sa vie pour se rappeler ce mot.

Novalis, Henri d’Ofterdingen, Flammarion, p. 170.

David Farreny, 24 mars 2002
amants

Nous étions les meilleurs amis du monde, comme nous devisions tranquillement, après dîner, le long des ruelles coites. Cependant je m’en tiens à mon sentiment de toujours : pour courir le monde à vos côtés, aux miens, mieux valent les amants. Car si la ville est belle, le village avenant, le soir lyrique, que souhaiterait-on sinon mettre sa main sur une épaule, et rentrer doucement vers les chambres, vers la chambre, vers le lit, pour que le genou trouve l’appui d’une cuisse, la bouche le sommeil d’une nuque, la main l’amitié d’une hanche ? Mais que dis-je, l’amitié ? L’amitié nous l’avons. Il y a seulement qu’en voyage, et par comparaison, c’est un sentiment un peu fade, à mon avis…

Renaud Camus, Aguets. Journal 1988, P.O.L., p. 262.

Élisabeth Mazeron, 19 août 2005
délasser

Fade matinée. Je dépêche les paquets de copies qui s’accumulaient. Jean vient couler un œil sur la besogne. Il en conçoit une haute idée parce que je suis en train de juger ses semblables. La corvée expédiée, je passe à la dernière livraison des Actes de la recherche, lis l’article de L. Pinto sur l’enseignement de la philosophie puis, pour me délasser de cette analyse rigoureuse, un peu austère, la Géologie des gîtes minéraux de Raguin.

Pierre Bergounioux, « mercredi 8 juin 1983 », Carnet de notes (1980-1990), Verdier, p. 212.

David Farreny, 14 mars 2006
languide

La vie n’est pas une chose à dire, elle est à faire, à aimer, à agir, à subir, à mordre ! Mais la dire… seul un esprit déficient, de complexion languide, se complaît en telle ineptie.

Jean-Pierre Georges, Aucun rôle dans l’espèce, Tarabuste, p. 112.

Élisabeth Mazeron, 28 juin 2006
entrave

La souffrance n’ajoute rien à la connaissance, pire, elle y soustrait et l’entame, elle ralentit la lucidité et entrave l’intelligence.

Michel Onfray, Esthétique du pôle Nord, Grasset, p. 66.

Élisabeth Mazeron, 1er mai 2007
villes

Dans les mêmes villes à travers les années nous avons marché, la nuit, avec tant de compagnons différents : le soupçon nous en vient qu’il n’est d’autre permanence à espérer qu’en nous-mêmes ; de quelle précaire qualité n’est dès lors que trop évident.

Renaud Camus, « dimanche 21 septembre 1986 », Journal romain (1985-1986), P.O.L., p. 416.

David Farreny, 24 juin 2009
place

Le bonheur d’une journée entière à naviguer sur mes pages, tout seul dans l’appartement. L’horreur de les entendre rentrer, bruyants, pleins d’assurance, comme s’ils étaient vraiment à leur place ici.

Philippe Muray, « 14 janvier 1989 », Ultima necat (III), Les Belles Lettres, p. 28.

David Farreny, 29 fév. 2024

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