matou

profond comme le fer de bêche et large comme un vicomté de matou

sans limite par le haut seulement où la lune roule et parfois fend

lieu connu inconnu où courir où se lover un continent un trou

Michel Besnier, tiré à part, Folle Avoine, p. 1.

David Farreny, 22 mars 2002
sang

Sous son pull-over très seyant les côtes se sont rompues, il se sent le dos comme battu avec des planches. Le sang apparaît dans la bouche avec sa façon de dire que c’est grave et qu’il faut appeler le médecin.

Henri Michaux, « Ecuador », Œuvres complètes (1), Gallimard, p. 147.

David Farreny, 23 mars 2002
viendra

L’avenir viendra d’une longue douleur et d’un long silence.

Cesare Pavese, Le métier de vivre, Gallimard, p. 38.

David Farreny, 24 mai 2003
succincte

Et je contemple les plans de certaines villes de second rang,

Et leur description succincte, je la médite.

Valery Larbaud, « Poésies de A.O. Barnabooth », Œuvres, Gallimard, p. 72.

David Farreny, 10 août 2005
sabliers

Dès l’apparition du froid inuit, la dilatation déchire la pierre. Ce qui semblait inatteignable, imputrescible, inaccessible aux effets du temps subit, comme le reste, l’entropie et le travail de la négativité. Même les pierres meurent. Elles éclatent, se démembrent, se délitent, bientôt elles deviendront sable, poudre destinée aux sabliers compagnons de l’angoisse des hommes. Avant-hier, la masse impénétrable, le bloc infracassable ; hier la fraction, les fragments, les morceaux, les blocs ; demain les poussières, semblables à celles des corps nettoyés par la mort et disséqués par le travail d’un temps auxiliaire.

Michel Onfray, Esthétique du pôle Nord, Grasset, p. 19.

Élisabeth Mazeron, 1er mai 2007
ermitage

Empaqueté comme un esquimau, je suis sorti pour voir de quoi ce rien était fait. La nuit montait du sol comme une nappe d’encre, pas une lumière, le noir des murs plus profond encore que le noir des prés. Un vent à décorner les bœufs ; mes poings gelaient au fond des poches. […] Je cherchais l’ermitage de ce saint Enda dont les disciples ont fondé Saint-Gall et appris aux rustres que nous étions à se signer, dire les grâces, chanter les neumes, enluminer les manuscrits de majuscules ornées ruisselantes d’entrelacs, de griffons, d’aubépines, de licornes. D’après ma carte, cette tanière serait juste deux cents mètres à l’est sous la maison. Je ne l’ai évidemment pas trouvée ce soir-là. De jour c’est une taupinière basse, moussue, si rudimentaire qu’à côté d’elle, les bories des bergers de Gordes font penser au Palais du facteur Cheval.

Nicolas Bouvier, Journal d’Aran et d’autres lieux, Payot & Rivages, p. 31.

Cécile Carret, 4 fév. 2008
longue

Le temps qui t’est imparti est si court que, dès que tu as perdu une seconde, tu as déjà perdu ta vie entière ; car elle n’est pas plus longue que cela ; elle est toujours exactement aussi longue que le temps que tu perds.

Franz Kafka, « Défenseurs », Œuvres complètes (2), Gallimard, p. 645.

David Farreny, 21 déc. 2011
limites

L’homme est peut-être moitié esprit et moitié matière, comme le polype qui est mi-plante, mi-bête. Les plus étranges créatures sont toujours celles se trouvant aux limites.

Georg Christoph Lichtenberg, Le miroir de l’âme, Corti, p. 210.

David Farreny, 11 déc. 2014
us

Selon l’us, le fœtus fait son os dans l’utérus puis s’en défausse dans l’humus de la fosse.

Éric Chevillard, « lundi 12 janvier 2015 », L’autofictif. 🔗

David Farreny, 12 janv. 2015

mot(s) :

auteur :

rechercher 🔍fermer