freins

L’homme est un être à freins. S’il en lâche un, il crie sa liberté (le pauvre !), cependant qu’il en tient cent autres bien en place.

Henri Michaux, « Connaissance par les gouffres », Œuvres complètes (3), Gallimard, p. 133.

David Farreny, 21 oct. 2005
contre

Il suffit d’une pierre

Pour y penser.

Que c’est si vieux,

Que l’eau croupit contre la vase,

Que le feu s’époumone

À bouillir le métal.

Le temps, le temps

A pu faire d’une flamme

Une pierre qui dort debout.

— Mais ton sein pointe dru

Contre le jour qui traîne.

Eugène Guillevic, Terraqué, Gallimard, p. 23.

Cécile Carret, 5 avr. 2007
honte

Moralité : ce n’est plus le sentiment de supériorité religieuse, raciale ou nationale qui, sous nos latitudes, fait les antisémites, c’est la honte, la contrition, une mémoire en forme de casier judiciaire et le remords d’appartenir au camp des oppresseurs. Ainsi s’égare la mauvaise conscience ; ainsi bascule dans la monstruosité cette aptitude à se mettre soi-même en question qui a longtemps constitué le meilleur de l’Occident, son trait distinctif et sa principale force spirituelle.

Alain Finkielkraut, « Au pays du progressisme déconcertant », L’imparfait du présent, Gallimard, p. 235.

Élisabeth Mazeron, 9 janv. 2010
mesurer

Aujourd’hui, mon point de vue a changé pas seulement parce que j’ai connu ce plaisir et que je ne me sens pas prêt à y renoncer (cet aveu me coûte), mais parce que j’ai appris à mesurer le temps qui passe à l’aune de la vie sexuelle. Je me suis mis – depuis mon veuvage – à compter les jours et les nuits moins en terme de temps chronologique écoulé ou révolu, qu’en fonction des rencontres ou des satisfactions de cet ordre. Non, ce n’est pas cela, c’est même exactement le contraire : je compte le temps des jours comme perdu, irrémédiablement perdu, quand il s’est écoulé sans émotion sensuelle. Sans émotion, sans contact, pas sans satisfaction : dans les périodes où j’ai recherché des satisfactions solitaires, il m’a semblé que le temps écoulé en était d’autant plus perdu ou gâché. Comme si l’émotion de la rencontre – une partenaire qui la veut bien, qui l’a souhaitée, quelle qu’ait été la nature de la réalisation – changeait la nature du temps qui passe, maintenait le contact avec la vie, avec la réalité même.

Pierre Pachet, Sans amour, Denoël, p. 64.

Cécile Carret, 13 mars 2011
syntaxe

Car chaque journée est un rêve incohérent qui ne se tient que grâce à la syntaxe.

Éric Chevillard, « mercredi 4 mai 2016 », L’autofictif. 🔗

David Farreny, 4 mai 2016

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